HAYDN – Les Saisons
PARIS (75017) Eglise Ste Marie des Batignolles
Les Saisons sont une œuvre emblématique célébrant la magnificence et la diversité de la nature. Composée entre 1799 et 1801, cette œuvre monumentale témoigne du génie créatif de Haydn à son apogée. Le spectateur est entraîné dans un voyage musical à travers les quatre saisons de l’année, où les paysages changeants, les climats variés et les activités humaines qui les accompagnent sont illustrés.
Dès son ouverture orchestrale, l’oratorio évoque le renouveau de la nature au printemps, lorsque la vie s’éveille après les rigueurs de l’hiver. À travers les trois mouvements suivants, sont tour à tour mis en musique le zèle du paysan préparant les semences au printemps, les canicules et tempêtes estivales, les moissons d’automne, les levers de soleil, la chasse à courre et l’ivresse opulente et débridée qui s’empare d’un village entier célébrant l’arrivée du vin nouveau lors d’un doux dimanche de septembre.
Dans le dernier tableau, l’hiver, Haydn capture, avec une simplicité poignante, la beauté austère des paysages enneigés, le gel glacial et le calme paisible enveloppant la nature endormie. Cette conclusion, mettant en scène la cyclicité de la vie et l’éternel renouvellement de la nature, aboutit à la réflexion sur la place de l’Homme. S’il est bien au centre, ses moyens sont fatalement limités par des forces qui le dépassent. Sa vie est brève, elle n'est pas plus étoffée qu'un simple rêve et sa seule grandeur est à chercher dans la vertu (« Nur Tugend bleibt…. »).
Au moment où Haydn composait Les Saisons, l’Europe était depuis des décennies en pleine mutation. Les avancées technologiques de la première révolution industrielle et l’essor des énergies fossiles transformaient radicalement les modes de vie, les paysages, le travail, la condition humaine, les relations entre les classes, la société et notre rapport à la nature.
Dans « Les Saisons », aucun de ces éléments n’est perceptible. Leur monde, naïf et figé, n’accueille ni Progrès ni le moindre trait de la naissante société thermo-industrielle. Quelle vision en ‘carte postale' de la Nature et de l’Homme Haydn nous livre-t-il?
En écoutant les Saisons, nous, hommes et femmes du XXIème siècle, sommes comme ramenés à un embranchement majeur de notre histoire passée. Au moment où, nous abandonnons un monde vieux de millénaires pour embrasser le futur qui nous a été éclos par les énergies fossiles. Haydn, sans rien pouvoir soupçonner de la crise écologique à venir, avec les Saisons, nous offre encore un regard ému vers un monde qui semble perdu à jamais.